Est-ce que c’est vraiment gratuit ?

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Aujourd’hui, un nouvel article de réflexions pour parler de la notion de gratuité, car j’ai tendance à penser que le mot est employé souvent à tort et à travers.

La première fois que j’ai remarqué cela, c’était en discutant avec mon hôte lors de mon stage à Londres. Je venais d’arriver en famille d’accueil après avoir passé une nuit à l’hôtel la veille. Il me demande comment était l’hôtel et on en arrive à la discussion suivante (que je traduis) :

Lui : T’as pas pris de petit déjeuner ?

Moi : Non, il aurait fallu payer plus cher

Lui : Mais t’aurais eu le petit déjeuner gratuit !

Moi : Ben … Pas vraiment, puisque j’aurais payé plus cher justement

Le petit déjeuner n’est pas gratuit. Si je paye ma réservation plus cher, l’écart de prix correspond justement au prix du petit déjeuner. On ne peut pas dire que le petit déjeuner est gratuit. En l’occurrence, une manière plus adaptée selon moi est de dire que le petit déjeuner est inclus.

Parce qu’en vrai, rien n’est « véritablement » gratuit. Tout a une valeur.

Depuis cette conversation, je fais attention à employer « gratuit » dans les bons contextes, et à changer de mot lorsqu’il n’est pas adapté, comme dans le cas de la réservation d’hôtel. Et il y a quelques mois, je suis justement tombé sur une vidéo qui détaille bien les différentes manières de proposer un produit à 0€ (je dis volontairement ça au lieu de dire « gratuitement »). La vidéo est ici :

Si vous regardez cette vidéo, vous verrez que cette histoire d’hôtel tombe donc dans la catégorie « Subvention Croisée Directe ». Le coût du produit complémentaire (le petit déjeuner) est inclus dans le produit principal (la réservation de la chambre). Donc en effet, lorsque vous arriverez au salon pour le petit déjeuner, vous n’allez pas payer. Mais ça ne veut pas dire que le petit déjeuner ne coûte rien.

En vrai, cette idée de gratuité me semble plus intéressante qu’elle n’y paraît. En effet, je pense qu’il est important de comprendre que rien n’est « véritablement » gratuit. Un autre exemple typique de « fausse gratuité » concerne les services « gratuits » sur Internet, typiquement les réseaux sociaux. Et là je sors une nouvelle vidéo, sortie il y a 6 ans (!!!) et qui expliquait déjà tout clairement :

Ce que j’aime bien avec la vidéo, c’est qu’elle explique très clairement le concept de marché tripartite cité dans la vidéo du dessus. Google et Facebook ne sont pas gratuits. Ce n’est pas gratuit de faire construire des grands campus d’entreprises et de payer les personnes qui y travaillent. Pourtant, vous, vous ne payez rien. Pourquoi ? Parce que Google ne se rémunère pas avec vous, mais avec les publicitaires qui viennent afficher leurs pubs. Les trois parties sont donc : vous, Google … et les publicitaires. D’où le fameux dicton « Si c’est gratuit, vous êtes le produit », car en fait c’est nous (à travers nos données personnelles) qui créons la valeur de Google.

Dans ces cas-là, il faut donc faire des choix. Soit cette situation ne nous plait pas et et on peut alors choisir de ne plus utiliser ces services. J’ai par exemple un ami qui utilise un autre service de stockage de photos dans le cloud que celui de Google (Google Drive) pour être sûr que ses photos ne sont pas analysées. L’autre solution est de comprendre tous les enjeux autour de cette « gratuité » et d’essayer d’avoir le contrôle. Par exemple, dans mon cas, je limite au maximum ce que Google peut connaître de moi. Une autre solution est d’utiliser des réseaux sociaux payants, etc.

Donc pour revenir à des idées plus générales, je pense qu’il est important de bien employer le mot gratuit, car dans certains cas il est trompeur. Et dire que quelque chose est gratuit peut entraîner un certain dédain du consommateur envers le travail nécessaire à la production d’une chose. C’est un peu ce qui a été le cas avec la musique quand elle est devenue « gratuite » grâce au piratage, beaucoup de personnes ont fini par ne plus se rendre compte du coût de production d’une musique.

Je pense que certaines personnes ont compris cela et, si je peux me permettre, ne se contentent pas de la gratuité. Mais je pense que d’autres personnes, notamment des personnes avec des ressources plus faibles pour lesquelles le panneau « gratuit » est encore plus attrayant, peuvent parfois se leurrer. Apprendre à connaître la valeur des choses et donc le prix qu’elles devraient coûter permet de mieux comprendre pourquoi un produit est gratuit.

Allez, j’ai l’impression de commencer à devenir un vieux con donneur de leçons dans le paragraphe au-dessus, donc il est temps de s’arrêter ! J’espère en tout cas que mon idée est bien passée, à la semaine prochaine !