Ces jours-ci, j’ai essayé de réfléchir au travail manuel et à l’impact que ça peut avoir sur notre personnalité. Du coup, j’ai un peu envie d’en parler ici.
J’ai toujours été quelqu’un de très « mental ». Ça m’a toujours suivi jusqu’à présent, à tel point que je travaille dans le domaine de la simulation numérique, qui est sûrement l’un des métiers qui correspond le plus à profil « mental ».
Honnêtement, c’est quelque chose que j’aime bien. Par exemple, il y a un côté « parfait » dans les maths que j’aime bien. Typiquement quand je résous des équations. Pas besoin que ça soit quelque chose de compliqué, juste trouver les racines d’un polynôme du second degré (niveau lycée) ou l’intersection de deux droites (niveau collège), des fois ça me plaît. Bref, tout ça pour dire que les trucs qui font cogiter mon cerveau, ça me parle.
Mais depuis quelques temps, je me rends compte qu’avoir un travail très « mental » n’est pas toujours bénéfique pour moi, et que j’ai aussi besoin de faire quelque chose de physique. Bien-sûr, il y a le sport qui peut permettre de faire ça. De mon côté, je fais de la natation (2 fois par semaine lorsque je suis dans ma ville). Mais ici je voudrais parler de plus qu’une activité sportive, un vrai travail manuel.
L’avantage que je vois dans un travail manuel, c’est qu’il faut simplement poser son cerveau et faire une action donnée. C’est très primaire. Et ainsi, ça évite de se concentrer sur le flux de pensées que l’on a constamment. Ou du moins que j’ai constamment.
L’autre avantage, c’est que notre travail a un résultat concret et souvent immédiat. Alors que lorsque je lance des simulations, on est assez loin de l’immédiateté (mes simulations peuvent durer des heures), et le résultat n’est pas forcément concret (puisqu’il s’agit justement d’une simulation).
Le seul exemple que j’ai de travail « manuel », c’est un job d’été dans un McDonald’s. J’étais en caisse à prendre les commandes. C’était très primaire : j’écoutais les gens commander, je tapais tout ça sur l’écran, je récupérais la nourriture, je l’agençais comme il fallait, j’encaissais et c’était plié. De plus, c’était très concret avec beaucoup de contact humain (les clients ou les personnes qui préparaient les commandes) et immédiat puisque c’était un fast food.
Mais honnêtement, je crois bien que c’est le seul exemple que je peux donner. Sinon, je n’ai jamais fait de jobs d’été dans l’agriculture par exemple (les gens qui disent qu’ils ont « fait les melons » ou le maïs par exemple). Et autant jusqu’à présent j’en tirais une certaine fierté, autant maintenant je me rends compte qu’il me manque ce rapport au monde.
Parmi les choses qui m’ont fait réaliser ça, il y a la lecture du livre « Le vol des cigognes » de Jean-Christophe Grangé. Dans l’histoire, le personnage principal dit :
J’étais alors un jeune homme correct sous tous rapports. À trente-deux ans, je venais d’obtenir un doctorat d’histoire. Le résultat de huit années d’efforts, […]. Lorsque j’avais achevé ce lourd pavé de mille pages, totalement inutile sur le plan pratique, et plutôt harassant sur le plan moral, je n’avais plus qu’une idée : oublier les études. J’étais fatigué des livres, des musées, des films d’art et d’essai. Fatigué de cette existence par procuration, des chimères de l’art, des nombres sciences humaines. Je voulais passer à l’acte, mordre dans l’existence.
Louis Antioche, « Le vol des cigognes » de Jean-Christophe Grangé
Bon évidemment, ça ne reflète pas ma situation, mais l’idée est que, de la même manière, je suis à un stade où je me rends compte de l’impact positif que pourrait avoir le fait d’exercer un travail manuel après tant d’années à avoir fait des choses mentales.
Du coup, je réfléchis à des moyens pour faire ça. Lorsque nous aurons terminé nos contrats, ma copine et moi prévoyons un grand voyage qui durerait entre 4 et 6 mois. Et l’objectif n’est pas de faire que du tourisme. En effet, parmi les pistes que nous envisageons pour la vie sur place, il y a le WWOOFing, un système qui permet justement de travailler bénévolement dans des fermes, en échange d’être logé/nourri/blanchi.
Au début, je voyais surtout l’intérêt économique de la chose, puisque ça nous permettrait de vivre quelque part à moindre frais. Mais avec le temps, je réalise aussi l’impact que ça pourrait avoir sur moi à travers le fait de faire un travail manuel.
Bon, c’est sûr qu’en écrivant ça, je passe un peu pour un jeune bobo cheesy qui a une pseudo-crise de conscience et qui veut fait une sorte de quête de sens à travers le retour à la terre. Je me sens pas vraiment dans ce cliché, mais peut-être qu’il y a un peu de vrai quand même. En tout cas voilà, c’est quelque chose qui est de plus en plus dans ma tête.
Voilà pour la réflexion du soir ! En attendant, mon contrat n’est pas fini, j’ai encore des simulations à faire ! Donc je poste cet article et je pars lancer une simu pour la nuit !
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