On continue la série des questions issue de mon nouveau jeu de cartes avec cette semaine une question un peu plus deep issue de la catégorie « le monde » ! Alors, qu’est-ce que le monde doit savoir ?
J’ai envie de répondre à cette question en proposant 3 idées que je trouve importantes.
Bien souvent, c’était pas mieux avant
Des fois, j’ai l’impression qu’il y a une confusion entre l’état actuel du monde et la manière dont on le perçoit. Quand je dis ça, je veux pas dire que tout va bien aujourd’hui. Il y a évidemment des grands combats qui restent à mener, je pense notamment à l’égalité des chances, le respect des droits des femmes et bien entendu l’écologie, pour n’en citer que trois.
Cependant, j’ai l’impression que ces grands enjeux nous donnent (ou du moins donnent à certain.e.s) l’envie de faire un saut en arrière. On se dit qu’à l’époque on n’avait pas ces problèmes-là. Je pense notamment à un collègue dans mon entreprise qui avait dit « à l’époque, les rapports entre les hommes et les femmes étaient plus simples ».
Alors oui, on peut dire que c’était plus simple si on considère que la société était encore plus patriarcale et que moins de gens en avait conscience qu’aujourd’hui ! Mais est-ce que ça rendait le monde meilleur qu’il ne l’est maintenant ? Ben pas vraiment je pense, il suffit de demander aux femmes qui ont connu cette époque dont il parle. Ça donnerait plus de nuance à ce constat.
Pour revenir sur un aspect général, je pense que la plupart de ces raisonnements sont issus de biais cognitifs. Entre le monde « à l’époque » et le monde maintenant, on n’est pas la même personne. Et justement, dans le monde « à l’époque », on n’est plus jeune, et on a forcément une vision du monde moins complète que celle qu’on a actuellement.
Sur un sujet plus abordable que le féminisme, on retrouve ce même constat avec des gens qui disent que la musique actuelle c’est nulle et qu’à leur époque c’était carrément mieux. Bah non, pas du tout, c’est juste qu’à l’époque, on était plus jeune et certaines musiques ont fortement résonné en nous. Maintenant, c’est moins le cas, mais ça ne veut pas dire que c’est nul, ça veut juste dire que ça nous parle moins. Il y a une vidéo d’e-penser qui montre bien cet effet justement.
Et justement, pour revenir rapidement sur le féminisme, dans les chansons de ma génération, il y a « Hey Oh » de Tragédie. Quand on relit les paroles, on peut légitimement se demander si c’était mieux avant.
Bref, tout ça pour dire que le monde était peut-être mieux avant. Mais que pour justifier cette affirmation, il est plutôt judicieux de se fier à des faits et des chiffres remis dans leur contexte plutôt qu’à notre simple expérience de la vie.
Comment les entreprises technologiques fonctionnent
Un autre point qui me semble important à comprendre, c’est le fonctionnement des entreprises technologiques actuelles. Et notamment deux aspects : la gratuité et les données.
Ce n’est pas parce que nous vivons dans un monde virtuel qu’il n’y a pas de conséquences physiques. Un email par exemple, il faut bien le stocker quelque part. En l’occurrence, c’est stocké sur un serveur. Oui mais ce serveur, il faut qu’il fonctionne en continu puisque la promesse est de pouvoir accéder à ses mails en tout instant. Et puisqu’on a tendance à tout conserver, même nos vieux mails, il en faut des serveurs. Et ces serveurs, comment ils fonctionnent ?
Eh bien ces serveurs sont généralement dans des datacenters. Ce sont donc des lieux qu’il faut alimenter en énergie, qui sont gérés par des gens qu’il faut payer, et qu’il faut régulièrement entretenir d’un point de vue technique. Tout ça coûte de l’argent, mais nous quand on écrit un mail, on ne le voit pas. Et je pense que c’est l’une des grandes prouesses de ces entreprises, et qui est finalement un des plus gros problèmes, c’est qu’on ne voit pas ça. Donc ça, ça serait le premier point. Ce n’est pas parce qu’un fichier est « dans le cloud » qu’il ne représente rien. C’est juste que les problématiques autour de ce fichier sont déplacées ailleurs.
Mais du coup, s’il faut alimenter notre datacenter, payer les gens qui le gèrent et payer la maintenance de son infrastructure, qui paye et avec quel argent ? C’est là qu’on arrive au business model des entreprises. Sur internet, on en trouve principalement 2 : la vente de produits (physique ou numérique) ou la vente des données. Et ça va être mon deuxième point.
Lorsqu’on a une vente d’un produit, le consommateur paye pour obtenir quelque chose. Par exemple, sur un e-shop, on achète un produit (un vêtement par exemple) avec notre argent. Et l’argent obtenu par cette vente permet de payer les charges de l’entreprise, les salaires de ses employé.e.s, etc. C’est un mode de commerce assez classique auquel on est habitué.
À l’inverse, certaines entreprises comme notamment Facebook et Google, reposent sur un modèle totalement différent. Leur objectif est de collecter des données pour les vendre à des annonceurs publicitaires. Ici, le client ce n’est pas nous, ce sont les annonceurs. Pour faire du profit, Facebook doit vendre des données, et pour les vendre, il faut les collecter. Et pour les collecter, il faut maximiser le temps d’utilisation des produits Facebook (Facebook, Messenger, Instagram, Whatsapp et Occulus). Et pour maximiser le temps d’utilisation, il faut alors travailler sur l’expérience et la satisfaction des désirs à court terme des utilisateurs. C’est notamment ce qu’explique Bernard E. Harcourt dans un article d’Usbek et Rica.
Je pense que c’est un sujet qui est encore très peu compris par le grand public, et pourtant, c’est sur ce système que repose les entreprises les plus puissantes actuellement. En comprenant que faire fonctionner un service numérique n’est pas gratuit, et en comprenant comment l’argent est trouvé pour le financer, cela permet d’avoir une utilisation de ce service beaucoup plus consciente et beaucoup moins passive.
L’état, des fois, c’est cool
Enfin, je termine sur un sujet un peu plus politique. Déjà, je commence direct par faire une distinction entre état et gouvernement. Mon objectif n’est pas d’approuver ou de désapprouver un gouvernement, mais bien de parler de la notion d’état, notamment à travers la notion des aides sociales.
En France, il existe un grand nombre d’aides sociales pour différents buts. Et pourtant, on fait face à deux constats : dans un premier temps, le non-recours à ces aides est important, et dans un second temps, les personnes qui y ont recours sont fortement stigmatisées. La situation est bien résumée dans cet épisode de DataGueule.
Je trouve que cette situation dessert tout le monde. Dans un premier temps, ça crée des situations où des personnes se retrouvent en difficulté alors qu’elles pourraient bénéficier d’aides de l’état pour s’en sortir. Et dans un second temps, cette stigmatisation ne sert à rien puisqu’elle divise encore plus la société.
Par exemple, personnellement je suis assez intéressé par les effets que pourrait avoir un revenu universel. Je pense qu’il permettrait de décorréler la notion de travail de la notion de revenu, et donc que ça permettrait de repenser notre rapport au travail et au monde. Pourtant, personnellement, je n’ai pas forcément besoin d’un revenu universel, je gagne bien ma vie. Je défends cette idée par pure idéologie et parce qu’elle m’intéresse. De l’autre côté, je pense que certain.e.s de mes ami.e.s pourraient beaucoup bénéficier de ce genre de mesures, et pourtant ce sont iels qui vont les critiquer.
Tout ça pour dire que, à l’échelle globale, le but d’un état est de faciliter la vie des citoyens. Et donc qu’il n’y a pas de honte à solliciter une aide sociale si on y a droit. Et même sans parler d’aides sociales, il y a beaucoup de dispositifs mis en place par l’état qui sont très utiles. Par exemple, j’ai trouvé mon premier emploi en Allemagne grâce au système VIE mis en place par deux ministères (Europe et Affaires Étrangères, et Économie et Finances). Et j’ai trouvé mon deuxième emploi grâce à un programme du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Si ça existe et que vous y avez droit, allez-y !
Conclusion
S’il fallait résumer ces trois idées, je dirais :
Le monde n’est pas pire maintenant, sois juste conscient de son fonctionnement et de ce qui peut t’aider à y vivre.
C’est très philosophique tout ça xD Mais voilà, ce sont les 3 sujets qui me sont venus spontanément lorsque j’ai tiré la carte. Et vous, qu’auriez-vous répondu ?
J’espère que cet article vous a plu, à la semaine prochaine !
Une réflexion au sujet de « Qu’est-ce que le monde doit savoir là maintenant ? »
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Quand j’étais au lycée – Weissstreitwagen