Censé devenir un jeune cadre dynamique …

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Dans la liste des formats d’articles que j’ai envie d’écrire, il y a des mini-dissertations sur des citations qui me parlent. J’écoute tous les genres de musique, mais surtout du rap. Et dans le rap, les punchlines ne manquent pas. Et ça me permet de faire le lien avec ma vie perso. Aujourd’hui, une citation d’Orelsan.

Censé devenir un jeune cadre dynamique

J’ai toujours été qu’un jeune stressé qui panique

La citation est issue de la chanson « AVF » de Stromae, avec Orelsan et Maître Gims. La chanson est présente dans l’album « Racine Carrée » de Stromae, sortie en août 2013, et qui avait été un énorme succès avec plein de tubes comme « Formidable », « Papaoutai » ou encore « Tous les mêmes ».

Techniquement déjà, c’est intéressant car c’est une rime multisyllabique en [i-a-i]. Les multisyllabiques, c’est un truc assez respecté dans le rap car ça montre une certaine dextérité vocale. Un autre exemple de couplet en multisyllabiques que j’aime beaucoup est le couplet de Gringe dans Vizioz avec un schéma en [a-a-è].

Mais ce qui est plus intéressant ici, c’est le sens de la citation. Ici, Orelsan parle du sentiment que beaucoup de gens de sa génération traverse. On est dans une époque où les études supérieures se sont vraiment démocratisées, et que de plus en plus de gens sont voués à devenir cadre en entreprise. Et pourtant, qui est vraiment sincèrement, authentiquement heureux une fois en poste ? Pas autant je pense. Et du coup, ça crée beaucoup de stress chez ces gens.

En fait, quand je dis « ces gens », je pense aussi à moi. C’est pour ça que j’ai choisi cette citation. Même si Orelsan a 12 ans de plus que moi, cette phrase m’a vraiment parlé il y a quelques semaines.

Récemment, j’ai traversé une période très dure dans mon travail. On me demandait de présenter ce que j’avais fait depuis 3 mois environ. J’étais assez confiant sur ce que je devais présenter, et finalement ça a totalement foiré. C’était vraiment très dur à encaisser, j’ai eu le sentiment de me faire aligner sur quasiment tout ce que j’avais présenté. De plus, j’avais une deadline pour fin avril, qui a été ravancée à la semaine dernière.

En sortant de cette réunion, j’ai eu comme le souffle coupé. Heureusement, c’est tombé avant le week-end de Pâques donc j’ai pu avoir un peu de temps seul et avec des amis à qui j’allais rendre visite ce week-end-là. Mais au moment de me remettre au travail, j’ai traversé une période où je ne me reconnaissais plus : J’avais du mal à dormir, du mal à manger, et du mal à écrire ce rapport qu’on attendait de moi. D’un côté je n’avais plus la force de faire quoi que ce soit lié à mon travail, et de l’autre, je paniquais à l’idée de ne rien faire. Du coup, j’étais en mode « fantôme » ou « robot » et j’écrivais mécaniquement.

Finalement, j’ai réussi à rendre le rapport dans les temps. J’ai reçu les premières corrections donc je vais pouvoir améliorer d’ici la deadline finale, qui elle est restée fin avril. C’est moins pire que ce que je pensais, et maintenant le niveau de stress est revenu à la normal (ça veut pas dire que le stress est parti ahah). Mais ce sentiment m’a marqué. J’ai signé pour 3 ans pour ce job, donc il est fort probable que je retraverse d’autres moments comme celui-ci. Et ça me paraît inimaginable de retraverser des périodes aussi fortes que celle-ci.

C’est vraiment très particulier comme sentiment, j’ai eu le sentiment d’être bon à rien, de ne pas avoir ma place dans cette équipe, et après seulement 6 mois à ce poste, j’avais envie de tout arrêter et partir traverser l’Europe à vélo.

Et récemment, une autre citation m’a poussé à prendre une action. J’écoutais le Nouvelle École avec Fabrice Florent (oui, Nouvelle École me marque pas mal en ce moment). Il était question du scandale Badmoizelle qui l’avait profondément marqué et qui l’avait incité à aller voir un.e psychologue. Et à moment, il dit quelque chose qui ressemble à :

On prend tellement de temps et d’argent pour soigner notre corps

Et tellement peu pour soigner notre âme

Ça m’a vraiment marqué. J’ai trouvé ça tellement juste. Et ça m’a poussé à prendre rendez-vous chez une psychologue également. Jusqu’à présent, lorsque je me sentais mal, soit je faisais ce que j’appelle une Pensine, c’est-à-dire un document Word dans lequel j’écris pour sortir mes mauvaises pensées de ma tête, soit je discutais avec des amis.

Sauf que récemment, même en écrivant, ça ne passait pas. Et lorsque j’en parlais à mes amis, on me disait « bah c’est normal vu ton taf ». Ben ouais et non, un taf qui peut être dur, je peux comprendre, mais pour autant je suis pas venu ici pour souffrir, okay ? D’où le psy donc. J’y réfléchissais depuis un moment déjà, mais c’est cette citation qui m’y a refait penser, et c’est cette période récente qui m’a poussé à y aller.

Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. En ce qui me concerne, je pense surtout parler de ma vie professionnelle car c’est de là que viennent les symptômes. Mais il est possible que ça diverge sur les autres domaines de ma vie (personnelle, familiale, sentimentale, …). Dans tous les cas, je pense qu’il sera intéressant de pouvoir discuter avec quelqu’un.

Voilà pour aujourd’hui ! C’est marrant de commencer par une citation d’un rappeur et d’arriver à en tirer un lien avec ma vie. Je pense que c’est ce genre d’exemple qui montre qu’une punchline est réussie car elle touche l’émotion de l’auditeur.

Allez, à la semaine prochaine pour un prochain article !