Chronique : Fragments de mathématiques existentielles

Temps de lecture estimé : 6 mn

Aujourd’hui, je teste un nouveau format car, même sur mes précédents blogs, je n’ai jamais fait de chronique culturelle en générale, ni de chronique de livre en particulier. Je vais vous parler du livre « Fragments de mathématiques existentielles » de Laurent Derobert.

Déjà, comment est-ce que j’ai entendu parler de ce livre ? Eh bien c’est en écoutant le podcast « Nouvelle École », en particulier l’épisode consacré à Michel Lévy-Provençal. Nouvelle École est un podcast très intéressant dont je reparlerai je pense d’ailleurs. Dans cet épisode donc, Michel Lévy-Provençal explique qu’il lit beaucoup, et à un moment il donne donc cette référence. Vu le prix du livre, je me suis dit que j’allais le commander, pour voir.

Eh bien, je n’ai pas été déçu. Dès la première phrase du premier chapitre, il faut s’accrocher :

On nommera dédale, la somme pondérée des distances entre les êtres réel, vécu et rêvé qui forment une personne et les mondes réel, vécu et rêvé qu’elle habite.

Wow, ça calme xD

Ça enchaîne directement avec une formule mathématique, qui sera la première d’une longue série. Personnellement, ça m’a plu et j’ai commencé à rentrer dans le livre, à refaire le point sur les différentes formules et les termes qu’elles contiennent pour comprendre la logique derrière le raisonnement.

Viennent donc les définitions des dédales, puis des vestales, et d’autres grandeurs pseudo-mathématiques. Chacune d’elles dépend d’un ou plusieurs coefficients qui sont créés par analogie avec notre vie réelle. Par exemple, il existe un coefficient gamma qui traduit l’importance accordée à la connaissance de soi mais aussi du monde.

Une fois ces formules et ces coefficients définis, certains cas particuliers sont mis en valeur. On trouvera alors la conjecture de Verlaine ou le lemme de Rimbaud, qui sont en fait une manière mathématique de traduire l’esprit de ces personnes connues. Le parallèle est intéressant !

Viennent ensuite deux chapitres qui viennent étendre ces définitions dans des cas particuliers. Comment écrire mathématiquement le fait qu’on veuille changer l’une de nos valeurs ? Comment décrire les relations amoureuses ? Autant de choses très intéressantes qui sont une fois de plus mises en équation.

Le livre se termine par un dernier chapitre qui élargit encore plus la question, et que je ne suis même pas sûr d’avoir compris à la première lecture, donc je ne vais pas en parler. Finalement, on arrive à 53 pages de formules mathématiques et de leurs liens avec de la psychologie.

Alors, qu’est-ce que j’en ai pensé ?

Eh bien, je suis assez partagé. En lisant les premiers chapitres, j’ai eu une sorte de réalisation, genre « Wow, mais c’est génial, il a réussi à retranscrire de manière mathématique tous les comportements humains ! ». Par exemple, à un moment l’auteur arrive à écrire mathématiquement des comportements comme le fameux « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ».

Et puis, au fil du temps, je commençais à me dire « Bon, ok, c’est bien de définir tout ça, mais bon, on en fait quoi maintenant ? ». Parce que finalement, le livre peut être vu comme un recueil de définitions. C’est comme si on voulait prendre un cours de cuisine et que les consignes étaient: « Alors voilà un couteau, c’est formé d’un manche en bois et d’une lame en métal. Voici un saladier, il s’agit d’un récipient qui forme un creux. ». C’est un peu frustrant.

À un moment dans ma lecture, j’ai feuilleté les pages que je n’avais pas encore lu, et à la fin, je vois la phrase suivante :

Le modèle mathématique développé en ces pages est issu de travaux conduits avec Raphaël Mognetti et Jean-Michel Pancin dans le cadre du projet « Dédales ».

Ni une ni deux, je pars chercher ça sur Internet. Et je tombe sur ce paragraphe :

Les mathématiques utilisées comme langage dans ce projet sont de simples mathématiques appliquées que l’on retrouve par ailleurs en sciences économiques, sciences physiques, etc. Elles ont été inventées par des générations et des générations d’honnêtes et talentueux mathématiciens. Leur détournement, ici, n’a rien de scientifique, il est ludique, poétique et respectueux.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Donc en fait, j’avais fait fausse route ! En achetant le livre, je pensais qu’il allait s’agir d’un livre de développement personnel comme il en existe déjà beaucoup, mais que pour faire passer les concepts ou les idées (qui sont globalement les mêmes dans tous les ouvrages de développement personnel), il allait se servir des mathématiques. C’est pour ça que ça me parlait au premier abord, car je suis toujours prêt à évoluer, mais quitte à ce qu’on me donne des conseils, autant que ça soit dans un « langage » qui me soit familier. J’intègre le message plus facilement ainsi.

Finalement, ça n’est pas vraiment ça, et c’est pour ça que je n’ai pas trouvé de « recette » comme je m’y attendais. Il s’agissait juste d’écrire des équations « pour le beau jeu » en quelque sorte. Essayer de voir s’il était possible de traduire des émotions, des ressentis, ou tout autre chose qui est assez difficilement quantifiable dans la vie réelle, par des équations mathématiques.

Il faut bien avouer que sur ce point, l’objectif est atteint. Même si, malgré un niveau en maths que je considère correct, il m’est arrivé d’être perdu parfois (une seconde lecture sera sûrement nécessaire), c’est quand même assez intéressant de voir jusqu’où la réflexion a été poussée pour réaliser cette « traduction » finalement.

Pour les personnes intéressées, il est possible de commander le livre sur Amazon ou sur le site des éditions Délirium. Quant au site dont je parle plus haut, il s’agit du site du projet Dédales.

Je recommande le livre aux personnes qui aiment bien les ouvrages qui font des ponts entre des domaines a priori sans véritable lien, comme ici la psychologie et les mathématiques. Cependant, ne soyez pas comme moi, n’attendez pas une sorte de guide pour améliorer votre vie. Il s’agit simplement d’un ouvrage d’art finalement, dans lequel ces traductions mathématiques sont faites pour la beauté du geste.

Si cette chronique vous a plu, n’hésitez pas à en parler autour de vous. J’en referai à l’occasion suivant les livres que je lis. Je vais aussi réfléchir à un moyen pour vous de faire des recommandations de livres que je pourrais lire afin de développer le côté communautaire de ce site. À bientôt 🙂