Au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, j’ai voté Benoît Hamon. Vu le contexte de l’époque et la personne, je me doutais bien qu’il n’allait pas passer au second tour. Pourtant, je voulais être fidèle au dicton qui dit « Au premier tour on choisit, au second tour on élimine ». Et à travers mon vote, j’avais choisi de soutenir un nouveau concept : Le revenu universel.
Le revenu universel, c’est une notion qui est d’un côté très claire et de l’autre assez floue. Très claire, car la plupart des gens ont compris qu’il s’agit de verser aux citoyens un revenu qui n’est pas directement conditionné à un emploi. Mais aussi assez floue car il n’y a pas de consensus sur la manière dont on le financerait.
Dans cet article, j’ai envie de partager mon point de vue sur le sujet.
Tel que je vois le monde avec mes yeux d’ingénieur, je me rends compte qu’on arrive à un moment de notre Histoire où il y a de grandes transformations. Ici, je voudrais parler des transformations liées au travail. Et pour ça, je vais prendre deux exemples, le premier sera concret et l’autre est dans un futur relativement proche.
Parlons d’abord des caisses automatiques dans les supermarchés. Il s’agit de systèmes automatisés avec lesquels une personne peut scanner elle-même ses articles et payer. Je pense que tout le monde en a fait l’expérience une fois, c’est relativement pratique, surtout pour des petites courses. Si la tendance se poursuivait, il n’y aurait bientôt que des caisses automatiques, voire plus aucune caisse.
L’autre exemple, ce sont les voitures autonomes. Tout le monde s’y prépare, constructeurs, fournisseurs ou encore entreprises de service. Un des secteurs que j’imagine qui sera très affecté est celui des taxis/VTC. Et là c’est pareil, avec l’apparition des nouveaux services (un taxi fait par une voiture autonome par exemple), il y aurait sûrement moins de chauffeurs de taxi.
Ce que je veux faire passer comme idée, c’est que les nouvelles technologies vont supprimer des emplois. Elles l’ont toujours fait bien évidemment. Je pense à l’imprimerie qui a stoppé le boulot de copiste, mais aussi aux machines dont on se sert pour valider nos tickets de transport alors qu’à l’époque dans le métro, il y avait des gens qui poinçonnaient les tickets. Mais cette fois-ci, j’ai tendance à penser que ça sera bien plus fort.
Alors dans ces cas-là, on fait quoi ?
Pour beaucoup il faut lutter contre cette évolution. Je peux le comprendre, la menace de perdre son emploi peut faire peur, surtout si c’est un emploi déjà relativement précaire et que le salaire sert à faire vivre plusieurs personnes. On voit alors plein de personnes faire grève pour sauver leur poste.
Exemple typique : L’entreprise Fenêtre fait des ordinateurs. Elle emploie 5 personnes pour l’assemblage. C’est un travail très épuisant physiquement et qui n’est pas épanouissant sur le plan psychologique. Un jour, une machine qui assemble les ordinateurs est créée. Fenêtre tente de l’utiliser, mais les salarié.e.s luttent et obtiennent gain de cause. Fenêtre n’utilise pas la machine, 5 emplois sont sauvés.
Super !
Euh … Vraiment ?
Il se trouve que Pomme, une entreprise concurrente, a elle choisi d’utiliser la machine. 5 personnes sont parties, mais cela permet à Pomme de vendre son produit moins cher. Sur le marché, il y a donc deux produits similaires, mais l’un est 20% plus cher que l’autre. Que font les client.e.s ? Eh bien, ils.elles prennent l’option la plus avantageuse, vont chez Pomme et délaissent Fenêtre. L’entreprise ne s’en remet pas et finit pas licencier 500 personnes pour essayer de sauver son activité. Alors que « seulement » 5 personnes devaient partir, cette fois-ci ce sont 500 qui partent.
La conclusion, c’est qu’on ne peut que retarder cette évolution technologique. À la manière de l’entreprise Fenêtre, peut-être que quelques emplois seront sauvés pendant un temps, mais sur le long terme les conséquences seront plus importantes si on ne s’adapte pas. Je comprends tout à fait les salariés de Fenêtre qui voulaient sauver leur emploi. Mais en fait, ils n’ont fait que retarder l’issue.
D’ailleurs, s’agissait-il vraiment de sauver son emploi ? Assembler un ordinateur c’est épuisant et pas épanouissant. Lorsque je pense aux travaux relativement pénibles comme celui-ci, je ne vois donc qu’une seule raison :
Pour moi, ils.elles n’ont pas fait grève pour garder leur emploi,
mais pour garder leur salaire.
Et je peux les comprendre. Aujourd’hui, qu’on trouve ça bien ou mal, avoir de l’argent est presque vital, donc on prend beaucoup de décisions (notamment le choix de notre travail) par rapport à l’argent. Si on se fait licencier, on ne gagne plus d’argent. Mais alors comment on fait pour le loyer, la nourriture, son forfait de téléphone, ses sorties entre amis ou les vacances en famille ?
C’est là qu’intervient le revenu universel.
L’idée de base du revenu universel est de verser une somme d’argent aux citoyens, et ce sans aucune condition. Qu’on ait 8 ans ou 80 ans, qu’on soit au chômage ou qu’on soit patron, qu’on habite dans une ville riche ou dans une commune pauvre. C’est une idée qui a été proposée depuis longtemps mais qui arrive dans les débats publics depuis quelques mois.
L’un des avantages puissants du revenu universel pour moi, c’est qu’il peut être combiné à d’autres sources de revenu si on le souhaite. Et ce point en apparence simple est en fait un changement de paradigme puissant.
En supposant que la somme versée soit suffisante, elle permettrait à tous de pouvoir vivre décemment sans travailler. Mais si on le souhaitait, on pourrait quand même travailler, rien ne l’empêche ! Et c’est là que c’est puissant pour moi : On retrouve un contrôle sur le travail. On n’est plus obligé de choisir un travail parce qu’il va nous permettre de payer notre vie, mais véritablement parce qu’on veut le faire. Pour moi, c’est la véritable force. Comme dirait Booba, on a « le choix de choisir ».
Pour conclure, je suis bien conscient que j’ai simplifié certaines réalités économiques. Mais j’ai fait ces simplifications pour parler d’un mouvement global : Il faut le reconnaître, sur beaucoup de tâches, les machines vont devenir meilleures que nous. Cette concurrence déloyale peut mener à une évolution de nos emplois. Et en ayant ça en tête, il me paraît intelligent d’anticiper maintenant plutôt que d’attendre des plans sociaux massifs pour agir.
À titre d’exemple, la ville de Stockton aux États-Unis à démarré un projet pilote. Il y a également des initiatives en Europe comme en Finlande, et certains projets se mettent même en place en France. Au delà des projets portés par l’État, il y a également des associations qui agissent pour démocratiser la notion de revenu universel.
Certain.e.s diront que je ne propose pas de solutions quant à la manière de calculer et de distribuer ce revenu. C’est vrai, et c’est volontaire. D’autres ont bien mieux fait les calculs que moi. Ici, je voulais surtout aborder la philosophie qui est derrière cette idée : On peut choisir son travail. Si on veut conserver son travail actuel parce qu’il nous plait, on peut. Et si on voulait réduire ou arrêter son travail, on pourrait également le faire sans s’inquiéter. Une fois que l’on s’accorde sur ce projet, il existe toujours une manière de le financer.
J’espère que le point de vue que je défends ici vous aura intéressé. Si c’est le cas, n’hésitez pas à laisser votre mail dans la popup qui s’affiche. Cela vous permettra de recevoir les articles par mail. À bientôt !
Une réflexion au sujet de « Le revenu universel »
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Et si j’étais président pendant une journée ? – Weissstreitwagen
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